La caséine est une protéine contenue dans le lait qui représente 80 % des protéines totales de ce dernier. Elle est thermostable et c’est un allergène actif. Elle peut induire une réponse immuno-allergique impliquant des anticorps de type IG E.

La caséine fonctionne comme le gluten ; elle est mal digérée du fait de sa structure moléculaire particulièrement résistante aux enzymes digestives. Ainsi les petites molécules (casomorphines) formées lors de la digestion incomplète de la caséine franchissent la barrière intestinale pour se retrouver dans le sang alors qu’elles ne le devraient pas. En effet, année après année, la barrière intestinale agressée par le gluten, les pesticides, les anti-inflammatoires, la caséine … voit sa perméabilité augmenter. On parle « d’intestin perméable » (le leaky gut des anglo-saxons).

Le système immunitaire va donc produire des anticorps afin de détruire ces casomorphines considérées comme des antigènes ; cela favorise diverses réactions inflammatoires. A long terme, chez certaines personnes, ces perturbations immunitaires peuvent engendrer des réactions allergiques. La caséine semblerait aussi favoriser le développement de tumeurs, de cancers.


Histoire d’une série d’études concernant la caséine

La maladie des bien-nourris

En 1960, le docteur T. Colin Campbell, chercheur réputé et professeur de nutrition à l’université Cornel aux USA, participe à la découverte des dioxines, substances toxiques responsables de la mort chaque année de millions de poulets dans les élevages. Cette découverte l’amène sur un projet alimentaire aux Philippines destiné à lutter contre la malnutrition ; l’idée est de faire consommer plus de protéines aux habitants en leur faisant manger des cacahuètes, ces dernières pouvant être cultivées partout facilement. Malheureusement, ces cacahuètes sont souvent contaminées par une moisissure, l’aflatoxine, soupçonnée de provoquer le cancer du foie chez les animaux. On compte alors sur lui pour découvrir l’origine de cette contamination. Sur place, il constate que les cacahuètes et les maïs locaux sont largement contaminés. En outre, il constate que de nombreux enfants sont atteints de cancers du foie dans les régions où l’on consomme beaucoup de ces aliments. C’est alors qu’il découvre avec stupéfaction que les enfants atteints de cancer du foie étaient ceux des familles les plus aisées suivant un mode d’alimentation occidentale !

Comment a t-on été amené à soupçonner l’implication de la caséine dans le risque du cancer du foie ?

La communauté scientifique de l’époque pensait qu’un déficit en protéines favorisait le cancer ; c’est d’ailleurs pourquoi les scientifiques voulaient faire consommer aux malnutris plus de protéines via les cacahuètes. Cependant, la situation des Philippines semble démontrer l’inverse ! En 1970, T. Colin Campbell propose une expérience : un premier groupe reçoit un régime protéique à 20 % tiré du lait de vache (caséine) alors que le second reçoit un régime protéique à 5 % aussi tiré du lait de vache. Les 2 groupes sont exposés à une même dose massive d’aflatoxine. Tous les rats qui ont suivi l’alimentation pauvre en protéines issues du lait de vache n’ont pas développé de cancers du foie malgré la présence de l’aflatoxine et inversement ! Cette même expérience est réitérée mais avec un régime protéique changeant toutes les 3 semaines ; la croissance des tumeurs s’amplifie en fonction de l’augmentation des apports en protéines issues du lait de vache. D’autres expériences avec des protéines de soja, de blé… à la place de celles du lait de vache ont montré que ces protéines végétales ne favorisent pas le développement de cancers.

La caséine est suspectée d’augmenter le risque du cancer mammaire chez les rats

Des études similaires sur ce cancer mammaire aboutissent aux mêmes conclusions ; la caséine à dose élevée favorise le cancer mammaire lorsque ces mammifères sont exposés à deux agents cancérigènes distincts dont l’aflatoxine.

Ainsi, selon les chercheurs, une substance cancérigène ne l’est pas directement ; l’environnement dont l’alimentation peut augmenter ou inhiber le processus de cancérisation.

Il est donc légitime de se demander si la caséine ne jouerait pas un rôle similaire chez les êtres humains…